Pastorale

Ma mission aux Vinatiers

Depuis bientôt deux ans, avec la pastorale de la santé du diocèse de Lyon, je suis aumônier de l’hôpital psychiatrique le Vinatier. Les malades psychiques rencontrent la détresse émotionnelle, la dépression, les sentiments de solitude, de culpabilité, des besoins spirituels et sociaux. On entend des questions telles que : « Dieu m'a-t-il abandonné ? Pourquoi suis-je en vie ? » Ils ont besoin d’être accompagnés sur leur chemin de foi.

L’aumônerie du Vinatier est composée d’une équipe de huit personnes, plus un prêtre référent : Père Bienvenue (congolais, prêtre du Prado). C’est un lieu où chacun est reconnu et peut trouver un espace de partage et de liberté dans un climat apaisé. 

Tous les mois, l’équipe bénéficie d’une supervision avec un neuropsychiatre psychanalyste.

C’est une mission formidable. Au début, j’avais peur. Et puis, je me suis rapidement rendu compte d’une chose : Jésus est toujours à mes côtés. Je suis toujours étonnée de ce que j’arrive à dire.

En tant qu’être humain, répondre à cette mission toute seule, ce n’est tout simplement pas possible. Je n'apporte que mon regard bienveillant, ma  présence, mon écoute offerte gratuitement.

Cette mission demande beaucoup de patience, elle demande de croire qu’il y a un mystère dans la personne au-delà de ses pensées et de ses actes.

À chaque visite, je me sens toujours plus grandie qu’abattue. Je donne beaucoup, bien sûr, et les mercis des patients ou des familles en témoignent.

Mais eux nous donnent encore plus. Cela nous fait du bien.

Parfois, ce sont de petits mots tout simples : «Vous êtes jolie ! Vous êtes gentille, prenez un peu de mon gâteau, je vous offre un café à la cafétéria, j’aime bien votre foulard ! ». Nous sentons, à travers ces petits mots, tout le plaisir et tout le bien que leur font nos visites.

Une fois par semaine, je visite la prison qui se trouve au sein du Vinatier. Quand je rencontre pour la première fois un détenu, ce n'est pas un voleur, un assassin, ou un pédophile que je vois, c'est une personne. Ils apprennent vite que je suis là avant tout pour les écouter, sans les juger, sans me dérober devant le récit de leur vie. Je suis là pour les accompagner à chercher le sens de ce qui leur arrive. J'ai vu des détenus, qui ont compris la gravité de leur geste, intégrer la souffrance de l'autre et entrer dans une démarche de demande de pardon.

Ils ont avant tout besoin de voir qu’il n’y a pas que le personnel médical, qu’il y a quelqu’un de tout simplement aimant, avec eux, pour eux.

Il faut simplement aimer les gens, les prendre comme ils sont, dans leur faiblesse. L’hôpital est un lieu privilégié pour cela : on y sent plus qu’ailleurs toute la beauté et la fragilité de la vie. Aumôniers et bénévoles, nous y faisons chaque jour l’expérience de la confiance en Jésus.  C’est juste  MAGNIFIQUE!

Priez pour moi et pour toutes les personnes auxquelles je suis envoyée.

Sr Victoria ZIRRA


Rejoindre des personnes dans le besoin

Notre Communauté à Saint-Herblain (près de Nantes) est investie dans un quartier où l'on trouve une population de diverses nationalités et des personnes en situation difficile.
Nous sommes 3 sœurs de Notre Dame des Apôtres, Thérèse, française, Suzanne, ivoirienne, et moi, Eliane, béninoise. Tout en gardant ma présence au centre socioculturel de la paroisse, je me suis demandé comment rejoindre les personnes fragiles et seules. Grace à une association d’aide aux personnes à domicile, j’ai été prise tout de suite pour le travail. Une belle expérience que je vis avec les familles, les personnes seules ou malades. Je suis contente de vivre la mission NDA dans ce travail qui m'envoie vers ces personnes de toutes religions.
Dès le début, les responsables de l'Association m'ont fait comprendre qu'il faut éviter d'afficher la religion pour respecter le choix de chaque personne, mais très vite, mon état de vie en tant que religieuse s'est fait connaître tout seul.
Dans ce travail, en dehors du travail manuel, je fais beaucoup d'écoute des personnes qui portent de lourds soucis familiaux, de santé et autres ; dans ce temps d'écoute où les personnes commencent par me parler de leurs familles, la question qui m'est
posée est : "Etes-vous mariée ? Vous avez des enfants ?" Spontanément lorsque je réponds "non", j'ajoute que je suis religieuse.
Lors de ma première rencontre avec une dame, à la question de savoir si j'étais mariée, quand je lui ai répondu que j'étais religieuse, cette femme s'écrie : "Dieu est entré dans ma maison. Je suis chrétienne et je n'ai jamais pensé qu'une religieuse viendrait un jour m'aider dans ma maison. Je ne vous appellerai pas Eliane mais ma sœur. S'il vous plaît pourriez-vous m'apporter la communion ?" Alors nous avons parlé de la foi, de Dieu. J'ai rendu grâce à Dieu en sortant de chez elle.
Envoyée pour travailler dans une famille, comme d'habitude, le contact commence par la présentation. Lorsque j'ai fait savoir que j'étais religieuse, la maîtresse de maison, joyeuse me dit : "j'ai ma tante qui est Sœur de Notre Dame des Apôtres et elle était à Lyon. J'ai mon oncle qui est des Missions Africaines, il a travaillé au Bénin et s'appelle Aupiais. !"
Surprise, je lui dis que je suis une Sœur de Notre Dame des Apôtres et que je suis du Bénin. Ce fut l'occasion de parler de la mission avec la famille. Ma joie était grande car à mon tour, je vivais ce que ce missionnaire a vécu et donné de plus beau à mon pays : le don de lui-même, la foi et l'amour pour mon peuple.
Parfois des enfants attendent mon jour de travail auprès de leurs parents pour les aider dans les tensions qu’ils ont avec eux. Dans une famille, la maman refuse la toilette et s'enferme. Lorsque je suis arrivée, sa fille soulagée me raconte l'attitude de la maman. Je rejoins la maman âgée dans sa chambre. Je prends le temps de l'écouter. Après ce temps, je lui propose de l'aider pour sa toilette. Elle a accepté et nous avons fait la toilette dans une bonne ambiance de rire.
Ces cas m'aident à comprendre la difficulté parfois des enfants pour la prise en charge de leurs parents âgés, la patience que cela demande.
Pour terminer avec un peu d'humour. Un veuf vit seul dans sa maison car la fille travaille hors de la France. Le travail consiste à lui faire la cuisine et l'entretien de la maison. Un jour il me dit qu'il veut manger du riz avec du piment. Vu son âge et sachant que les Français en général ne mangent pas régulièrement le piment, j'ai hésité à mettre le piment pour ne pas lui causer des ennuis de santé. Je lui prépare son riz qu'il mange avec appétit en ajoutant du piment, "c'est délicieux dit-il, j'ai très bien mangé. Merci madame." D'autres jours, en arrivant, je lui demande : Monsieur, que voulez-vous manger aujourd'hui ? Il me répond du riz africain mais avec beaucoup de piment !
Par ce travail qui me procure beaucoup de joie, Dieu me permet de toucher du doigt les réalités des familles, des personnes malades ou qui vivent avec un handicap, seules. Nombreux sont ceux et celles qui me confient des intentions de prière.
La mission NDA, je la vis dans ces plus petits par l'âge, la maladie ou les épreuves de la vie.

Sœur Eliane SODJINOU